Publier un livre, quel parcours ?
Depuis sa création en 1972, plus de 1300 ouvrages ont été publiés par les adhérents à l’AEAP. La plupart (plus de 1100 actuellement) sont conservés et répertoriés à l’ethnopôle GARAE à Carcassonne, accessibles depuis Vesper (https://garae.bibenligne.fr/). Pour autant, la vocation de l’association n’est pas d’éditer les livres de leurs adhérents. Chaque membre reste libre de s’adresser à l’éditeur de son choix, ou plutôt à se démener pour trouver un éditeur ou, à défaut, de s’éditer lui-même. Il nous a paru judicieux de proposer sur ce site un petit débroussaillage du maquis de l’édition, plus touffu qu’un roncier.
Mettons-nous en situation : le point final à votre livre a été apposé. Le texte a été lu et relu par votre entourage, peut-être par un professionnel. Il vous semble abouti et prêt à être proposé au public ; vous souhaitez donc le publier.
Où s’adresser, comment faire, sous quelle forme, etc. ? Tentons d’y répondre.
Le monde de l’édition se compose en France de plusieurs géants (Hachette, Editis, La Martinière), de grands groupes (Gallimard, Flammarion, etc.), d’éditeurs parisiens bien connus (Stock, Laffont, Albin Michel, Denoël, Le Seuil, Calmann-Lévy, Belfond, etc.), Actes Sud à Arles et d’une myriade de petits éditeurs, parisiens ou régionaux.
En ce qui concerne nos auteurs, presque tous en province, nous n’avons pas d’exemples récents d’auteurs publiés par une de ces grandes maisons parisiennes. (J’ai personnellement envoyé nombre de manuscrits différents à plusieurs éditeurs parisiens, dont certains cités ci-dessus, sans aucun succès. Ma chemise de lettres de refus est bien épaisse !)
Bien que nous ne soyons pas à l’abri d’une bonne surprise, je doute du succès auprès de ces maisons. En région, ainsi qu’à Paris, il existe des petits éditeurs qui travaillent en proposant des contrats conformes aux règles édictées par la SGDL (Société des Gens de Lettres), l’instance officielle auprès du ministère de la Culture. Personnellement, privilégiant le contact direct avec mes éditeurs, je m’adresse plutôt aux locaux, plus faciles d’accès mais hélas parfois peu ou pas diffusés ni même distribués. Quelle différence ?
Les diffuseurs disposent de commerciaux dont la mission est de placer en librairie les livres de leurs éditeurs. Seules les grosses maisons et les best-sellers les intéressent. Peu d’éditeurs peuvent recourir à leur service. Les diffuseurs inondent le marché du livre.
Les distributeurs assurent le référencement du livre via Dilicom ou Electre. Ainsi, les libraires ont accès à une fiche de votre livre et peuvent le commander à la demande des clients ou pour le mettre en rayon. Une bonne distribution permet au moins de trouver des lecteurs et d’être vendu partout dans le monde.
N.B. : Le contrat d’édition ne mentionne jamais le mode de diffusion du livre. C’est à vous de vous renseigner (sur le site de l’éditeur ou directement auprès de lui).
Vous l’avez compris, vous n’avez que peu de chance d’être diffusé. En revanche, si vous avez le choix, préférez un éditeur distribué. Certains sont leur propre distributeur. C’est déjà ça !
Certaines maisons proposent des contrats d’impression à la demande (avec plusieurs services payants comme la relecture, la promotion, etc.) : Baudelaire, Edilivre, Publibook, Youstory, L’Harmattan, etc. Selon vos besoins et le nombre de précommandes, ce type de partenariat vous permet d’imprimer un nombre prédéfini de livres (50, 100, 500…) pour vous constituer un stock personnel à prix dégressif et / ou profiter du système d’impression à la demande. Pas de distribution avec ceux-là.
N.B. : Ces éditeurs publient souvent sans « filtrer » l’ouvrage avec les mêmes exigences qu’un comité de lecture chez un éditeur classique. (J’ai eu recours à cette formule avec mon premier roman, édité par Mon Petit Éditeur)
Bon, votre livre a enfin trouvé un éditeur qui vous propose un contrat. Lisez-le. Comme droits d’auteur, on vous proposera entre 7 et 10 % sur le hors taxe (8% le plus souvent) par livre vendu en librairie. Voilà pourquoi l’autoédition peut paraître plus lucrative.
N.B. : Pour être inscrit comme auteur dans les organismes officiels (Centres régionaux du livre, SGDL, Sofia, etc.) la signature d’un vrai contrat d’édition d’au moins 500 exemplaires est nécessaire.
N.B. : Ces organismes feront l’objet d’un nouvel article explicatif.
À défaut de trouver un éditeur, ou si vous souhaitez publier vous-même, rien de plus facile. Il suffit de confier votre livre à un imprimeur après avoir obtenu un n° ISBN auprès de l’AFNIL (https://www.afnil.org/), avec invention d’un nom d’édition fictif (Éditions paysannes par exemple) et fixation du prix de vente au public. Vous aurez préparé vos pages de couverture et mis en page votre texte selon les desiderata de l’imprimeur. Le coût pour 100 ou 200 exemplaires reste modique comparé au prix de vente par exemplaire. Ce livre ne sera bien sûr ni distribué ni référencé. Vous serez votre propre distributeur. Certaines librairies acceptent les livres autoédités en dépôt-vente (leur marge est de 30% en général). Certains salons du livre aussi.
Qu’ajouter de plus, sinon quelques conseils avant de confier votre tapuscrit aux arcanes de l’édition :
- Le texte est au format Word ou PDF, aéré, sans faute
- Il a été relu par vos proches
- Vous avez consulté la ligne éditoriale de l’éditeur (certains sont très spécialisés)
- Vous en avez rédigé un résumé que vous joignez (par Internet ou par courrier, certains éditeurs exigeant le tapuscrit papier adressé par courrier)
- Vous joignez éventuellement une biobibliographie
- Vous vous armez de patience (2 à 6 mois parfois avant de recevoir une réponse)
Évidemment, l’originalité du propos est toujours la bienvenue chez les éditeurs. Si le livre ne ressemble vraiment pas aux autres, il aura plus de chances de survivre en librairie, donc de décider un éditeur.
À nos plumes, donc ! Et restons confiant.
Patrick De Meerleer
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